Sans oublier Framasoft (il ne me semble pas vous y avoir vus...)
Salut à toi djjeffouille,
Pour revenir sur deux-trois détails du bilan :
-d'abord félicitations. Vous avez une audience et une maturité qui feraient bien des jaloux (moi le premier). Je m'apprêtais à te souhaiter une bonne année mais il semble que vous n'en avez même pas besoin pour que ça démarre déjà sous de forts bons auspices (du coup mes voeux, hé bin, t'en auras que dalle, na

)
-perdre du monde... ahem.... Nous étions partis 4000 il y a un an et demi... c'est dire.
- diffuseurs : simplement grandiose.
- artistes : effectivement, il y a un gros, majeur problème. Non seulement vous n'êtes pas connus parce que personne de connu n'a intérêt à vous faire connaître (j'espère que tu me suis), mais les institutions de notre beau-pays-démocratique® sont très clairement destinées à favoriser le modèle propriétaire (je me souviens d'un
très bon article sur le sujet, je diste ça au passage pour faire râler Daedalus qui m'accuse de faire de l'autopromo).
- plusieurs pistes intéressantes :
-votre "repenti" de la SACEM : oh que voilà une recrue de choix ! Serait-il possible de s'organiser un petit meeting IRC pour parler avec lui, un de ces jours ?
-j'ai hâte d'en savoir davantage sur ce fameux "petit test" que tu évoques mystérieusement...
Je vais m'arrêter un instant sur les questions de protection, dépôt etc vues du côté des auteurs débutants.
Je ne t'apprends rien en effet, en mentionnant que n'importe quelle "oeuvre de l'esprit", musique, bout de papier, liste des commissions ou que sais-je, est automatiquement couverte par le droit d'auteur le plus restrictif, dépôt ou pas dépôt, inscription ou pas inscription, et donne de ce fait droit à nos grandes copines les instances ultra-démocratiques® de type SACEM et autres, d'intervenir et de récupérer du fric (que l'auteur soit identifié ou non, d'ailleurs ; petit détail amusant).
[mode=ma_vie_est_passionnante=ON]
Je viens justement de recevoir un avis du SNAC m'informant que la toute première (et dernière) pièce que j'avais déposée il y a quelques années n'est plus protégée.
Ça m'a renvoyé un petit bout de temps (5 ans exactement) en arrière, à une époque ou j'avais écrit quelques pièces, toutes restées dans mes tiroirs, et où, pour la première fois, j'avais l'occasion de faire jouer quelque chose que j'avais écrit. Non seulement tout le monde autour de moi, professionnels, famille, profs, collègues, me mettait une pression colossale sur l'air de "attention, attention, si tu ne la protèges pas tu risques gros" etc, mais moi-même, parfaitement ignare des questions de Propriété Intellectuelle que j'étais alors, je me sentais tenu de devoir "marquer le coup", du genre attention, on entre dans la cour des grands maintenant, faut déposer, etc.
(Quelques mois plus tôt, un ami qui avait reçu son prix d'harmonie s'était vu offrir un abonnement SACEM automatique, et en était tout fier ; je ne regrette finalement pas d'avoir envoyé balader la classe d'Harmonie

)
Quelques années plus tard, j'ai fait de nouveau le tour des SNAC, SACD, SACEM &co (nos magnifiques instances démocratiques, équitables et républicaines®) avec dans l'idée de faire un simple dépôt, MAIS avec une licence vaguement alternative (CC, ça mange pas de pain). Quelle levée de boucliers n'ai-je pas rencontrée ! Ciel ! Un dangereux anarchistes crypto-trostkiste en nos murs ! C'est tout juste si l'on ne m'a pas raccompagné à la sortie.
[mode=ma_vie_est_passionnante=OFF]
Le fait est que -- je suis peut-être naïf, idéaliste, tant pis -- il n'est pas si difficile pour un particulier de prouver l'antériorité d'une oeuvre. À la limite, c'est dans les tous premiers jours qu'il faut faire attention à qui tu parles de ton projet. Si quelqu'un le dépose avant que tu en aies parlé à au moins 30 personnes et que tu aies laissé des traces datées par écrit, effectivement c'est cuit. Mais cette situation me semble quand même éminemment peu probable (ou alors faut vraiment chercher).
La vérité est que ce système est en fait très largement dérivé du système de Propriété Industrielle, brevets etc, où là oui, effectivement , l'espionnage et le vol font rage. Maintenant, je peux comprendre que certains produits de consommation culturelle aujourd'hui ne valent que par leur "concept" ; cependant il s'agit d'une production typiquement industrielle et fort peu "artistique", et bourrer le crâne des auteurs comme on le fait actuellement, c'est de la pure désinformation, malhonnêteté intellectuelle etc.
OK, donc ça c'était la partie sympa pour vous.
Maintenant, si je voulais être vraiment complètement honnête, et je le veux, j'aurais aimé ajouter une petite, toute petite partie moins sympa.
Tous les membres du Parti Pirate te le diront, je suis un pro question donneur-de-leçons, moralisateur, etc. Donc, prends-le d'où ça vient (d'ailleurs je devine que mes collègues vont me tomber sur la gueule pour avoir pris le risque de compromettre notre amitié/partenariat).
J'ajoute que, pour être mufle jusqu'au bout, je n'ai pas pris la peine de consulter le forum de l'AIMSA et certaines de mes remarques seront peut-être du réchauffé pour toi.
Mais tant pis. Tout comme tes critiques et suggestions seront les bienvenues au Parti pirate (on se critique déjà beaucoup entre nous, donc bon), j'aime bien me dire qu'on est francs les uns avec les autres, pour le meilleur comme pour le pire.
On va faire ça sous forme de questions, juste histoire de tâter le terrain :
- tout d'abord, la charte graphique de votre site... faut aimer les couleurs un peu hard, non ?
---> en soi, je n'ai rien contre. Ça donne un côté assez militant, c'est d'ailleurs le parti qu'a pris le gars qui a fait scission d'avec le Parti pirate. Mais je suis de ceux qui pensent qu'on peut être audacieux sans être agressif, et qu'il vaut mieux éviter de faire peur aux artistes qui pourraient potentiellement être intéressés par votre modèle.
- ensuite, le slogan "no sacem inside". C'est un idéal que je partage et que j'ai fait mien. Cependant :
---> raaah, je sais que je suis chiant et moralisateur, mais _pourquoi_ un slogan en anglais ? Je comprends que l'AIMSA ait un propos très international, mais je suis un peu gêné par ce côté un peu branchouille-superficiel du slogan anglais.... pourquoi pas plusieurs déclinaisons (traduites) du slogan, par exemple ?
---> la sacem, c'est bien beau, mais il y a aussi.... la SCPP... la SACD (moins pire)... etc. À se focaliser sur la sacem, ça donne une impression un peu réglement de comptes personnel (j'ai moi-même, comme tous les citoyens de ce pays un peu sensés, un compte personnel à règler avec la sacem, mais n'empêche).
---> dernier point qui rejoint sans doute le précédent : il est vraiment, vraiment dommage de se définir par une formule négative. Je sais que vous êtes mûs par un mouvement de rejet, de protestation, etc. mais nous représentons TELLEMENT plus que cela. Nous ne faisons pas que nous opposer : nous proposons un modèle, un modèle qui marche, qui vit, qui est juste, qui est meilleur. Nous SOMMES l'avenir.
- enfin et pour finir : pourquoi, pourquoi mais pourquoi diable une url en .COM ?
---> "com", je le rappelle, c'est "com" comme dans "commercial", et non comme dans "communication" ! C'est le nom de domaine par excellence des jeunes loups aux dents longues, des startups, des pièges à pognon et à business !
---> réserver l'URL en .com pour l'occuper et éviter qu'on vous la pique, je suis parfaitement d'accord (on est les premiers à le faire). Mais la mettre en avant, c'est -à mon sens- une faute de goût potentiellement. À ce que je peux voir, vous n'avez pas pris ni le .org, ni le .net ; il serait vraiment vraiment chouette d'y penser (ne serait-ce que parce qu'un petit malin risque de vous faire chier avec un jour).
Ces remarques, comme cela ne t'auras pas échappé, sont de pure forme. Il ne s'agit pas ni de l'action de l'AIMSA ni de son orientation, auxquelles je souscris totalement. J'essaye juste de faire valoir que, malgré ou plutôt DU FAIT même de notre engagement militant, nous ne devons pas sous-estimer les questions d'apparence, de présentation etc. Notre but n'est pas tant de fédérer des gens déjà acquis à notre cause, que de nous faire connaître auprès de ceux qui n'ont jamais entendu parler de nous, de nos idées, de notre combat.
Et tu remarqueras que je dis bien "nous", car je suis plus que jamais convaincu que nous avons bien plus à partager que des pétitions de principe.
(oui, j'ai oublié de signaler : en plus d'être moralisateur, je suis pompeux aussi

)
Cordialement,
pers