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La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : jeu. 17 juin 2010, 22:21
par Raphaël Florès
La déclaration des droits de l’homme de 1789, en affirmant que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi » (art. XI), avait à la fois établi un droit et posé ses limites, laissant ouverte leur détermination future. Les abus évoqués pouvaient être de diverses sortes, du blasphème à la sédition, mais la plupart des révolutionnaires avaient fortement conscience, comme l’écrivait Brissot, qui fut lui-même journaliste et nouvelliste avant la Révolution, que « punir la calomnie sans menacer la liberté de la presse est le problème le plus difficile à résoudre en politique ».

Parti d’une interrogation sur le contrôle de l’esprit public sous la Révolution, Walton a rencontré la question des limites légitimes de la liberté d’expression : comment fonder la liberté de la presse tout en protégeant la réputation ou la dignité des individus ? C’est un enjeu auxquels nos sociétés libérales contemporaines sont sans cesse confrontées, et pour lequel l’héritage des Lumières est bien plus complexe, et donc plus intéressant, que la fameuse formule si souvent attribuée à Voltaire (« Je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer »), dont Walton rappelle opportunément qu’elle est évidemment apocryphe.


http://www.laviedesidees.fr/La-calomnie ... de-la.html

Re: La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : lun. 28 juin 2010, 14:20
par Vouze
Il me semble qu'à l'époque, le but officiel n'était de préserver de la calomnie, mais de préserver la morale et les bonnes mœurs.

Les mœurs du président et de sa femme n'intéressent qu'eux, et relève de la vie privée. Mais quand notre ministre de l'intérieur pense qu'il soit utile de préciser que l'amant d'une femme voilée est en fait polygame, est-ce que les mœurs de notre président doivent être tues ?

Le message du gouvernement est clair : la protection de la vie privée n'est valable que pour les riches et les puissants. Dès que votre salaire est en dessous d'un certain seuil, c'est le gouvernement lui-même qui est en droit de violer votre vie privée ou de vous calomnier.

La vraie contradiction est de supprimer tout débat. Quand on veut empêcher les enfants d'accéder à certains propos ou mœurs, c'est tout à fait légitime. Par contre, vouloir empêcher tout un peuple d'accéder à certaines idées, cela relève du totalitarisme (la pensée unique), et du paternalisme ("vous êtes trop bête pour faire la part des choses"). Mais comme ces propos sont illégaux, comment fait-on pour argumenter contre ces idées, alors qu'elles n'ont même pas pu s'exprimer. Ces lois successives contre le racisme, le sexisme, l'homophobie, et tout et n'importe quoi qui n'est pas politiquement correct, ne donne plus d'occasion de débattre. La loi Gayssot, qui sacralise les jugements rendus par une cours de justice, interdit aux historiens de travailler sur des témoignages qui à postériori viendrait contredire le jugement.

Soyons honnêtes : les livres (par extensions, les forums et les blogs) qui parlent de négationnisme, de racisme, etc, sont surtout lu par des personnes déjà convaincues, et n'ont pas une audience et une influence aussi forte qu'on veut nous le faire croire. La publicité apportée par les procès, rapporte plus de notoriété pour moins chère qu'un vraie pub. Et les livres interdits arrivent toujours à trouver leur public, grâce au convention du FN où des livres s'échangent sous le manteau.

Re: La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : lun. 28 juin 2010, 14:24
par Sims
Pour justifier la "défense" de ces idées "illégales", on pourrais utiliser le vieil adage affirmant qu'il faut savoir que ça existe/a existé, sinon, nous sommes condamnés à reproduire les mêmes erreurs.

On peut bien-sur accompagner ces textes des démonstrations scientifiques de leur non-validité. (théorie des races par exemple. "Je suis peut-être plus proche génétiquement d'un fermier africain que de mon voisin de palier")

Re: La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : lun. 28 juin 2010, 14:41
par Vouze
Sims a écrit :Pour justifier la "défense" de ces idées "illégales", on pourrais utiliser le vieil adage affirmant qu'il faut savoir que ça existe/a existé, sinon, nous sommes condamnés à reproduire les mêmes erreurs.

On peut bien-sur accompagner ces textes des démonstrations scientifiques de leur non-validité. (théorie des races par exemple. "Je suis peut-être plus proche génétiquement d'un fermier africain que de mon voisin de palier")


Certains avancent l'idée que les procès anti-raciste servent à faire vivre les membres des associations anti-racistes et leurs avocats, tout comme les lois protégeant la vie privée et le droit à l'image servent surtout aux vedettes du showbizz et aux cabinets d'avocats spécialisés.

Re: La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : lun. 28 juin 2010, 14:53
par Vouze
Le but n'est pas de "défendre" des idées illégales, mais de dire qu'en interdisant ces idées illégales, on ne les détruira pas mais qu'on pourra à l'avenir appliquer les mêmes principes à d'autres idées.

Remplacez "idées" par "téléchargement" ou "peer to peer", ci-dessus, et vous vous rendrez compte que le combat est le même.

Re: La calomnie ou les paradoxes de la liberté d’expression

Publié : lun. 28 juin 2010, 22:28
par Raphaël Florès
Je rajouterai une loi qui est autrement plus grave puisque les victimes, les milliers de victimes, les dizaines de milliers voire pire encore, pèsent lourd sur la conscience de ceux qui refusent le débat: l'article L630 du Code de la santé publique qui interdit tout propos ne condamnant pas les "stupéfiants".

Un exemple de l'horrible désinformation soi-disant au titre de la santé publique: la liste noire de référence de l'éducation nationale censure les sites pourtant gouvernementaux qui louent les vertus du cannabis.

Je trouve ça toujours aussi étonnant qu'on ne s'attarde pas sur les innombrables dommages à notre société ainsi que les guerres civiles que cause ou en tout cas qu'encourage la prohibition des psychotropes (Mexique, Afghanistan).