Facebook, Youtube, Wikipedia, Flickr interdits au Pakistan pour blasphème contre Mahomet
Le Fournisseur d’Accès à Internet Nayatel vient d’annoncer que cette censure va s’étendre à de nombreux sites occidentaux: la République Islamique du Pakistan vient de mettre sous contrôle pas moins de 25% du trafic Web, annonce en effet la presse locale. L’intégralité des réseaux sociaux est désormais mise sous contrôle total du gouvernement: Facebook donc, mais aussi le site de microblogging Twitter, de vidéo participative YouTube, et enfin l’encyclopédie contributive WikiPédia.
Rongé par une véritable guerre civile entre le gouvernement centrale d’Islamabad et les zones tribales au main des talibans, le Pakistan vient de bloquer l’accès au site communautaire Facebook. Le réseau social qui compte 2,4 millions d’utilisateurs dans le pays est accusé de blasphème suite à la création d’un groupe « La journée des dessins de Mahomet » (« Draw Muhammad Day »), dont l’auteur invite à poster durant toute la journée d’aujourd’hui des images du prophète Mahomet, ce qu’interdit explicitement le Coran qui y est le socle constitutionnel.
Dès mardi la page en question était bloquée par le gouvernement pakistanais, mais face à la colère des fidèles musulmans la censure va encore plus loin: en attendant le jugement de l’affaire sur le fond qui aura lieu le 31 mai, un communiqué officiel déclare que « La PTA (Autorité des Télécommunications du Pakistan) a ordonné à tous les opérateurs au Pakistan de bloquer le site internet
http://www.facebook.com jusqu’à nouvel ordre en vertu du jugement de la Haute Cour de Lahore ».
Une décision qui brise net l’élan démocratique de l’auteur de ce groupe revendicatif: « Leur intimidation ne pourra pas nous retirer le droit à la liberté d’expression » affirme-t-il. Or il ne s’agit guère d’un droit fondamental dans ce pays fort de 180 millions d’habitants, soit le deuxième plus grand pays musulman (non-laïque). De fait, les quelques 3000 représentations du fondateur de l’Islam déjà présentes sur la page sont fermement critiquées, quelques fanatiques religieux ayant même manifesté leur haineuse joie devant le tribunal.
En vérité, il ne s’agit pas d’une initiative isolée: alors que deux épisodes de la mondialement célèbre série South Park devait diffuser des représentations du prophète Mahomet (tout comme celles de Jésus), la communauté islamique s’était élevée contre ce qu’elle estime être du blasphème. D’ailleurs, par solidarité l’autre série comique les Simpsons avait à son tour fait l’apologie de la liberté d’expression avec le fameux « muslim bear ».
Déjà connu pour ses dérapages en matière de censure avec YouTube qui avait même conduit à bloquer le site dans le monde entier, il reste tout de même à espérer que l’allié incertain de Washington réservera un meilleur sort à l’humour qu’au cinéaste Théo Van Gogh, assassiné pour ses films trop critiques.